Pauline et Mickael

Mots : Muriel Françoise Photos : Pauline Barré

Aventuriers des temps modernes, les photographes Pauline Barré et Mickael Samama écument les mers, sondent les volcans et arpentent les déserts caméra au poing pour leur label créatif Un Cercle. Après une longue parenthèse montréalaise, ils ont choisi de se poser dans la maison de l’arrière-grand-mère de Pauline, près de Montpellier, entre souvenirs de famille et de voyages. Rencontre.

Malgré votre jeune âge, Mickael et toi avez déjà parcouru un bon bout de chemin ensemble...

Nos parcours ne se ressemblent pas vraiment, mais ont toutefois un point commun : nous n’étions pas faits pour le système scolaire français. Mickael a fait des études en informatique; il est aujourd’hui UX Designer. Un métier qui le passionne et qu’il continue d’exercer à côté de la photo. De mon côté, j’ai touché à tout avant de m'inscrire dans une école d’art, puis de tout plaquer pour partir vivre au Canada. C’est là que nous nous sommes retrouvés, et que nous avons créé Un Cercle, notre maison créative de photos et de vidéos. Nous y sommes restés huit ans. Nous sommes de retour en France depuis trois ans.

Qu’est-ce qui vous a décidés à revenir en France ? 

L’obtention de la nationalité canadienne. Nous avions besoin de changer d’air. Après huit ans à l’étranger, les kilomètres qui nous séparaient de nos proches devenaient aussi de plus en plus difficiles à supporter. Savoir que nous pourrions revenir vivre au Canada au besoin nous a poussés à nous lancer.
Nous ne regrettons pas d'être revenus en France. En revanche, après bientôt trois ans ici, nous nous rendons compte que nous sommes peut être plus Canadiens que ce nous ne le pensions et nous avons parfois le mal du « pays ». Heureusement, nous vivons à la campagne, dans un tout petit village au milieu de la garrigue. La vie est douce par ici. Comme nous ne savons pas de quoi demain sera fait, nous ne nous interdisons pas de rêver à un coin à nous, quelque part au Canada.

Pourquoi avez-vous choisi de poser vos bagages dans la maison de ton arrière-grand-mère ? 

C’était pour moi une évidence et, d’une certaine façon, une manière d’honorer la mémoire de mon arrière-grand-mère qui nous a quittés en 2019, à l’âge de cent trois ans. J’étais très proche d’elle, et je crois que cette maison a conservé une part de son âme. Nous nous y sentons bien. J’y ai énormément de souvenirs d’enfance, puisque j'ai vécu ici quelques années avec ma mère et mon arrière-grand-mère. Je sais qu'elle doit être heureuse de me savoir dans sa maison où je prends soin de ses rosiers qu’elle aimait tant (il y en a plus de vingt dans le jardin). 

Que représente une maison aux yeux des grands voyageurs que vous êtes ? 

Pour nous, c’est un refuge dans lequel nous sommes heureux de revenir après des semaines intenses sur les routes. Nous pouvons nous y reposer,concentrer et créer. À Montréal, nous vivions dans un petit appartement qui n’était pas à notre goût. Nous n’avions pas réellement posé nos valises, mais depuis que nous vivons en France, c’est vraiment très agréable de retrouver notre cocon.

Quels sont les objets dont vous avez choisi de vous entourer ?

Quand nous sommes revenus en France, il a fallu créer notre chez nous. Il était important pour moi que nous nous y sentions bien. Pendant quelques mois, j’ai écumé les brocantes, les sites de seconde main en cherchant le coup de cœur, le petit détail, la matière... L'essentiel de ce que nous avons est vintage, un critère auquel je tiens. Nous avions déjà collectionné pas mal de choses suite à nos voyages, et cette quête continue de grandir au fil de nos expéditions. J’aime les objets authentiques, qui ont une histoire. Nous avons par exemple ramené un très ancien Awalé, un jeu traditionnel africain, de Namibie, un chapeau de gaucho de Patagonie et, dernièrement, un morceau de lave d’Islande. Mes objets les plus précieux restent les plumes.

Alors que votre quotidien doit être saturé d’images, on retrouve néanmoins certains de vos clichés aux murs. Qu’évoquent-ils pour vous ?

Chez nous, il y a beaucoup de portraits d’animaux. Ce sont nos plus belles rencontres. La première fois que nous avons vu des éléphants du désert, un lion… des moments qui marquent à jamais l’esprit. Les avoir en photos à la maison est un bon moyen de nous remémorer tout ça. 

À l’exception de votre expédition islandaise pour filmer le volcan Fagradalsfjall en mars dernier, vos voyages des seize derniers mois ont dû être essentiellement immobiles. De quelle façon avez-vous continué à nourrir votre curiosité pour l’ailleurs ?

Nous avons continué de voyager, d’une certaine manière, en travaillant sur le court-métrage « Murmures » que nous avons tourné au Groenland en 2019. Nous avons la chance d’habiter à la campagne, nous sortons beaucoup avec notre vieux Land Cruiser pour des plaisirs simples comme des pique-niques ou l’observation des étoiles avec un télescope. Ce sont des bouffées d’air frais. Je me replonge aussi souvent dans mes carnets de voyage. Comme je ne veux rien oublier, j’ai pris l’habitude de tout consigner.

De quel grand voyage rêvez-vous lorsque la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir ?

Le Nord est définitivement dans nos plans, ainsi que l’Afrique qui tient une place particulière dans nos cœurs. Une chose est sûre, nous voulons retourner au Canada, et louer un chalet au bord d’un lac dans la forêt pour quelques semaines. Nous avons encore plus envie de prendre notre temps. Les voyages de courte durée nous intéressent de moins en moins. Il y a des endroits où nous n’irons probablement jamais et d’autres, comme l’Islande, où nous avons au contraire envie de revenir encore et encore.

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