Vonnegut/Kraft

Mots : Muriel Françoise Photos : Sylvie Li

Dans les couloirs du vieux bâtiment qui abrite le studio de Vonnegut/Kraft à Sunset Park, un quartier industriel de Brooklyn, on trouve des moulures néoclassiques, une draisienne rouillée et beaucoup de bois. Rencontre avec les designers-ébénistes Katrina Vonnegut et Brian Kraft, et Clemens, huit mois, leur plus beau chef-d’œuvre.

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans ce bâtiment ?
Nous aimons la proximité avec l’eau, et les magnifiques couchers de soleil, spécialement l’été lorsque toutes les fenêtres de l’atelier sont ouvertes. Nous y avons aussi beaucoup d’amis, comme les designers Chen Chen et Kai Williams. Cela rend les pauses beaucoup plus sympathiques surtout les jours où les choses vont de travers. Nous nous arrêtons alors un moment, discutons avec eux, et reprenons tout à zéro.

Quelle est l’histoire de votre rencontre ?
En fait, elle a pris quelques années. Nous nous sommes d’abord croisés dans le métro lorsque nous vivions à Williamsburg. Il a fallu un an pour faire connaissance et découvrir que nous étions voisins ! Les détails de la suite de l’histoire sont dignes d’une comédie romantique, mais nous sommes d’éternels romantiques.

Katrina est diplômée en design et Brian en art et en littérature anglaise avec une solide expérience dans le travail du bois. Comment vos parcours se complètent-ils au sein du studio ?

Il nous a fallu un certain temps pour trouver une façon de travailler ensemble. Katrina a une approche plus traditionnelle qui passe par des esquisses et des maquettes tandis que Brian aime se lancer directement dans la fabrication de prototypes. Son approche plus spontanée vient sans doute de plusieurs années d’interaction avec l’architecture urbaine grâce à des balades en skateboard à New York. Ces deux approches, très différentes, se complètent plutôt bien.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Sans aucun doute nos explorations des mondes naturels et construits à travers nos voyages. Le quotidien d’une petite entreprise en pleine croissance a tendance à nous éloigner de l’émerveillement pour des choses nouvelles. Nous sautons donc sur chaque occasion de découvrir le monde à travers l’architecture et le design de lieux inconnus comme, tout récemment, Puerto Rico où Katrina a longuement exploré les fonds marins. Nous sommes revenus avec des centaines de photos de coraux. L’inspiration naît souvent de la curiosité pour un détail que nous transformons, de façon abstraite, dans notre travail créatif.

Quel est, par exemple, le détail qui a donné forme à la collection de tables à l’articulation marquée Mesa ?

Notre but était de développer un système structurel basé sur l’observation du corps humain, et en particulier la façon dont les parties, comme les doigts et les articulations, de celui-ci s’imbriquent. Nous avons voulu créer des éléments qui permettent au plateau de la table d’être intégré de façon invisible au haut de celle-ci. Les détails du meuble sont en quelque sorte masqués au bénéfice d’une unité de formes.

Avec son espace en mezzanine, votre studio semble être un peu comme une seconde maison. Y avez-vous des habitudes ou rituels ?
Oui, même si l’arrivée de Clemens a un peu changé notre routine. Au début, nous avions pensé utiliser la mezzanine comme bureau, mais c’est agréable de faire une pause dans cet endroit calme loin des écrans. Nous y consultons les livres qui nous inspirent, et y faisons parfois la sieste. Cet espace nous permet de décompresser et de nous recentrer sur les choses qui comptent vraiment.

vonnegutkraft.com

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