Rosalind Tallmadge

Mots : Muriel Françoise Photos : Carvalho Park

Rosalind Tallmadge ne peint pas des toiles, elle crée des atmosphères. Cette artiste venue de Détroit aime jouer avec ce qui brille et multiplie les effets de matières troublant au passage curieux et esthètes. Avec elle, l’immensité céleste devient tangible, mais reste toujours aussi mystérieuse.

Tes œuvres plongent celui qui les observe dans une autre dimension, est-ce précisément ton intention ?

Je cherche à créer des peintures qui attirent et engagent celui qui les regarde. Grâce à un travail par strates, elles sont très texturées, et la feuille métallique qui les recouvre contribue à leur donner quelque chose d’indéfinissable lorsqu’on évolue près d’elles et que la lumière change. Elles sont en quelque sorte le contraire d’une image, par essence immuable. Leur grand format en fait des éléments architecturaux ou des espaces célestes davantage que des objets. Dans mon travail, je pense souvent à la quête d’art total des modernistes qui intégraient l’environnement dans leur approche créative.

Grâce à quels matériaux et techniques crées-tu cet effet magique ?

Je tends d’abord sur la toile un tissu à paillettes. Je crée ensuite une première composition à l’aide d’une sorte de marquage en manipulant et scellant le tissu à l’aide d’un gel pour acrylique, et je pose sur cette base plusieurs couches de matériaux naturels comme de la pierre ponce, du schiste ou des minuscules perles en verre que je recouvre d’une feuille de métal (aluminium, argent, or, étain…) Pour finir, je peins le tout avec des matériaux et des pigments bruts.

Brume, poussière céleste, écorce… les lectures de tes toiles ramènent toujours à la nature. Est-ce exclusivement celle-ci qui nourrit ton inspiration ?

J’ai grandi avec une passion inconditionnelle pour la nature. Mon père est naturaliste. J’ai passé mes vacances d’enfance à faire des randonnées et à étudier des collections de végétaux et de minéraux. Je tire en grande partie mon inspiration de la géologie, l’astronomie et l’archéologie. Mes peintures sont aussi le reflet de mon quotidien à New York. Les surfaces asphaltées, usées des trottoirs et des murs du métro meublent mon subconscient. Mon travail est également influencé par la mode. J’avais choisi de faire des études de mode avant de bifurquer vers les beaux-arts. Je suis toujours passionnée par le design textile, ce qui brille et la mise en scène de matériaux un peu kitsch pour intégrer le corps féminin dans une œuvre d’art abstraite.

rosalindtallmadge
carvalhopark.com

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