Le Mile End d'Isabelle Arsenault

Mots : Muriel Françoise Photos : Sylvie Li

L’illustratrice montréalaise Isabelle Arsenault distille de la poésie dans chacun de ses livres grâce à un trait délicat. La série La bande du Mile End, dont elle est aussi l’auteure, exprime avec tendresse son amour pour sa ville. Rencontre et balade à travers ses adresses coups de cœur dans un quartier haut en couleur.

Tu vivais jusqu’il y a peu dans le Mile End. Qu’aimes-tu dans ce quartier ?

Oui, nous avons quitté notre appartement du Mile End au printemps dernier. J’aime surtout l’esprit communautaire qui l’anime. On y trouve beaucoup d’artistes et de jeunes familles de différentes origines, souvent bilingues et écolos. Il y a également une belle variété de commerces, des librairies aux boutiques design. C’est un mélange hétéroclite à l’image de Montréal avec un bouillonnement culturel très inspirant. Les nombreuses ruelles, qui quadrillent le quartier, permettent aussi aux enfants d’y jouer en sécurité.

De quelle façon le quartier a-t-il inspiré ta série La bande du Mile End dont deux albums ont été publiés aux éditions de La Pastèque ?

J’ai grandi à Sept-Îles (sur la Côte-Nord du Québec), près de la mer. La plage était mon terrain de jeux. Lorsque nous avons décidé d’installer notre famille dans le Mile End, la ruelle me semblait triste en regard de ce que j’avais connu. Mais j’ai vu mes deux fils y inventer des histoires, et s’évader de cet univers gris. Ils ont d’ailleurs inspiré les personnages d’Albert et de Tom qui retrouvent leurs amis dans la ruelle au bout de la cour après l’école.

Peux-tu nous présenter la série en quelques mots ?

Elle met en scène une bande de copains qui se réunit dans une ruelle pour jouer et imaginer des aventures. Chaque livre fait découvrir un personnage et son univers. Tout repose sur l’imagination. Le décor est très minimaliste avec l’utilisation de deux couleurs fortes complétées de teintes neutres. Pour le deuxième album, La Quête d’Albert, le vert eau et l’orange ont été inspirés par la mer et un coucher de soleil d’été sur une toile abandonnée dans la ruelle.

Cette toile, qui sert d’horizon à Albert, grand lecteur à la recherche d’un moment de tranquillité, existe-t-elle ?

Oui, j’ai trouvé un jour dans une ruelle près de la maison un tableau avec un coucher de soleil que j’ai photographié et conservé dans mes notes. On découvre souvent toutes sortes d’objets de ce genre dans le quartier.

Qui sera le héros ou l’héroïne du prochain album attendu en février prochain ?

Il s’agira de Maya, une petite fille qui met en scène une pièce de théâtre féministe pour laquelle j’ai choisi un rose fuchsia.

Comment se dessine l’été de ta famille en cette année particulière ?

Nous allons sans doute rester à Montréal. Je travaille notamment sur la quatrième histoire de la série La bande du Mile End et sur un autre livre avec l’auteure Fanny Britt qui doit sortir cet automne. Nous avons prévu de faire un jardin dans notre cour. Nous allons aussi découvrir notre nouveau quartier de la Notre-dame-de-Grâce, et faire des balades au Canal-de-Lachine tout proche. Et, bien sûr, retourner dans le Mile End pour voir nos amis.

isabellearsenault.com
La Quête d’Albert, La Pastèque.
Albert’s Quiet Quest, Penguin.

LES BONS PLANS D’ISABELLE DANS LE MILE END

POUR SE BALADER

La rue Waverly. « Pour ses très belles maisons avec des petits balcons fleuris. »

La ruelle Clark, entre les rues Saint-Urbain et Clark, et Bernard et Saint-Viateur. « Derrière notre ancien duplex, où jouaient nos fils, et où se passent les aventures de La bande du Mile End. »

L’église St Michael and St Anthony. « Avec ses briques pistache, un point central du Mile End. »

POUR MANGER

Le Butterblume. « Un café-épicerie, où j’ai fait des lancements de livres, qui propose de délicieux plats frais, de beaux objets pour la maison et des fleurs. » café au 5836 Boulevard Saint-Laurent et épicerie-traiteur au 5830 Boulevard Saint Laurent. lebutterblume.com

Cheskie. « Une boulangerie juive avec des mini croissants à la vanille dont raffolent mes fils. » 359 rue Bernard Ouest.

Kem Coba. « Pour sa glace au chocolat 72 %. Une tradition malgré la longue file d’attente. » 60 avenue Fairmount Ouest. kemcoba

Wilensky. « Une institution à Montréal aux délicieux sodas maison. Le lieu des premiers lunchs entre copains de mes fils avec les mamans à une autre table. » 34 Avenue Fairmount Ouest. wilensky

Larry’s. « Du même propriétaire que la boucherie Lawrence voisine. Des plats simples avec des ingrédients de qualité. Parfait pour un verre entres amis. » 9 avenue Fairmount Est. lawrencemtl.com/larrys/

Brioche à tête. « Les meilleures brioches, viennoiseries et quiches de Montréal. » 107 avenue Fairmount Ouest. briocheatete.ca

Pizzeria Magpie. « Un lieu sans prétention parfait avec ou sans enfants pour de bonnes pizzas au feu de bois. » 16 rue Maguire. pizzeriamagpie.com

POUR BOIRE

Pastel Rita. « Un café coloré où l’on peut boire de bons cocktails, et qui met en valeur des créations d’artisans québécois. » 5761 Boulevard Saint-Laurent. pastelrita.com

Bar à vin Parasol. « Derrière le restaurant Maïs, ouvert seulement l’été. On peut y manger des grillades cuites sur un barbecue dans la ruelle accompagnées de vins nature. » 5439 Boulevard Saint-Laurent. parasolbaravin.com

Café Falco. « Un café zen, d’inspiration japonaise, où j’aimais m’installer pour écrire lorsque je vivais dans le quartier. » 5605 Avenue Gaspé. cafefalco.ca

POUR MAGASINER

Drawn & Quarterly. « Une librairie avec une belle sélection de livres pour enfants et de romans graphiques pour adultes où l’on peut passer beaucoup de temps. » 211 rue Bernard Ouest et la Petite Librairie D+Q, 176 rue Bernard Ouest. drawnandquarterly.com

Boucle et papier. « Pour de très beaux articles de papeterie. » 5183 Boulevard Saint-Laurent. boucleetpapier.com

Style Labo. « Un magasin d’objets vintage. J’aime l’ambiance, les propriétaires un peu bohèmes, l’odeur... J’y ai notamment acheté une table à dessin. » 5595 Boulevard Saint-Laurent. stylelabo-deco.com

La Pastèque. « La librairie de mon éditeur avec une galerie, où sont exposées des planches originales, de la papeterie et des animations pour les enfants. » 102 Avenue Laurier Ouest. lapasteque.com

Raplapla. « Une boutique-atelier de jouets. J’aime beaucoup sa propriétaire Erica, une femme aux idées inspirantes avec qui j’ai eu la chance de collaborer. J’y ai acheté beaucoup de poupées en chiffon pour moi. » 69 rue Villeneuve Ouest. raplapla.com

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Bellocq

Mots : Muriel Françoise Photos : Sylvie Li

Tapi dans l’ombre quelque part entre le bord de l’Hudson et les restaurants du quartier tranquille de Greenpoint, à Brooklyn, le Bellocq Tea Atelier est l’adresse confidentielle par excellence. Ni vitrine ni enseigne pour une pause épicurienne qui doit son nom au photographe E.J. Bellocq, connu pour ses portraits de filles de joie à la Nouvelle Orléans au début du siècle dernier.

L’intérieur, entre boudoir et sous-bois infusé de Wabi-Sabi, respire le calme et l’authenticité. Cet écrin de goût imaginé par Heidi Johannsen Stewart, Michael Shannon et Scott Stewart, respectivement styliste culinaire, designer et artisan, accueille des thés organiques en feuilles finement sélectionnés en Asie et en Afrique, et des infusions divines.

La boutique-atelier abrite également des théières, bouilloires, bols, encens et bougies inspirées des mélanges maison, ainsi que des livres sur l’art du thé qui est volontiers enseigné aux passionnés. Chaque boîte est d’ailleurs accompagnée du mode de préparation et de la température suggérés pour ces cadeaux parfaits.

104 West Street, Brooklyn
bellocqtea.com

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Fox Fodder Farm

Mots : Muriel Françoise Photos : Nicole Franzen

Jusqu’ici, on restait béat d’admiration devant les compositions florales de Fox Fodder Farm dans les adresses de mode, de design et de gastronomie les plus élégantes de Big Apple (Ulla Johnson, Roll & Hill, Hotel Delmano...) Depuis la Saint-Valentin, Brooklyn abrite la première boutique du studio fondé en 2011 par Taylor Patterson.

L’espace de 170 m2 au pied du Williamsburg Bridge, pensé à la façon d’une cour fleurie par l’architecte paysager Brook Klausing, est un havre de paix urbain. Une fontaine en pierre bleue, inspirée d’un ruisseau du Delaware proche de la ville natale de Taylor, apporte d’ailleurs un doux bruit de fond à ce lieu adopté illico par les familles voisines. Une longue table au cœur de la boutique permet à celles-ci de composer des bouquets avec l’aide d’un fleuriste.

Parmi les autres détails qu’on aime : l’origine, la date d’achat et la durée de vie des fleurs inscrites sur les vases. Et aussi la sélection de produits d’artistes et d’artisans, dont les savons aux huiles essentielles de Saipua, ainsi que les vases en pierre de la côte Nord-Atlantique de Pete Rock et en céramique made in Brooklyn de la Coréenne Yoon-Young Hur.

45 South Fourth Street, Brooklyn
foxfodderfarm.com

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Wilder

Mots : Muriel Françoise Photos : Eefje de Coninck et Mayken Craenen

Marijke Boesmans est fleuriste. Mayken Craenen, artiste visuelle. De leur passion commune pour le beau est né le printemps dernier Wilder, un espace mêlant fleurs locales et objets triés sur le volet, dans un ancien café, à Anvers. Au cœur de celui-ci, des fleurs choisies chaque semaine dans une petite palette de couleurs pour composer des bouquets harmonieux à acheter sur place ou à se faire livrer à vélo si on a la chance d’habiter dans les environs.

Des céramiques d’artisans belges (Sigrid Volders, Genster Ceramics, Renilde De Peuter...), des bougies bios, ainsi que des vases vintage et issus du recyclage, garnissent des étagères à pâlir d’envie. Pour prolonger la vie des fleurs, la maison propose également des cartes postales, affiches et tee-shirts avec des photos des plus beaux champs et bouquets. Et, l’automne venu, des créations de fleurs séchées hors des sentiers battus prennent le relais. Halte inspirante plus que recommandée.

28 Provinciestraat, Anvers, Belgique
wilderwilder.be

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